Un mot d’Histoire aux perceptions différentes.
Le mot apparaît vers le 13ème siècle dans le vocable des jurandes, pour signifier un changement, une inconstance, une transformation dans la société. Dès 1794, on rencontre ce mot, notamment chez les Compagnons, pour désigner le changement d’affection d’un titulaire d’un emploi. Nous retrouvons donc la définition encore utilisée actuellement en RH. Ainsi, aujourd’hui, la définition correspond à un changement de localisation d’un poste pour un agent, sans que le type de poste soit modifié.
Originaire du patois provençal, mudazo, la racine latine mutare a donné naissance à de nombreux mots : mutuel, mutabilité, mutable, mutant, mutation, muter, mutualiste, commutateur, immutabilité, permuter, transmutable, transmutation.
Dans l’Histoire de France, ce mot a souvent été utilisé pour des sujets relatifs à la territorialité (« mutacion de seignerie »). Conséquence sémiologique, le mot prend sens dans sa perception, où lorsque une personne est « mutée », elle change de place. Son territoire d’expression, voire son environnement, n’est plus le même. Pourtant, nous sommes loin de cette signification.
Un mot dual…
A force d’utiliser et de vulgariser le mot mutation, ce dernier s’est banalisé dans nos vocabulaires. Cependant, la sémantique du mot mutation est riche. Cette richesse entraine souvent des amalgames.
Avec de nombreux synonymes, le mot n’est pas forcément puissant lorsqu’il est employé pour désigner le travail ou le poste d’une personne. De mutation, nous avons –entre autres-, adaptation, ajustement, changement, évolution, passage, métamorphose, etc. Imaginez-vous la perception du mot mutation lorsque ce dernier est prononcé ?
Exprimer le mot mutation et vous verrez alors la dualité dans sa perception. Il est à la fois porteur d’espoir (le changement, le mouvement, la variation, etc.) et anxiogène (peur, transformation, métamorphose, etc.). Lorsqu’un salarié se voit proposer une mutation, la tentation est de se dire, s’agit-il d’un avancement ou d’une régression ?
Entre changement et évolution, comment s’adapter ?
Un changement, une évolution, un déplacement, un mouvement, implique la nécessité de s’adapter à des nouvelles donnes. Il faudrait connaître tout le contenu d’une mutation pour permettre d’ajuster cette mue à l’individu et à la collectivité. Muer influe sur le corps et sur l’esprit. Muer, c’est changer notre rapport à l’autre, c’est créer de nouveaux liens, c’est percevoir le rapport au temps et à l’espace autrement. Il y a donc une période de découverte, puis une période de test, puis vient la décision de savoir si oui ou non, la mutation peut s’opérer. Si le processus est le même pour la majorité des personnes, un blocage peut toujours se produire.
Les uns passe par des phases de transition, de modulation, d’autres de renversement, voir de permutation…
Aujourd’hui, le travail s’exporte de plus en plus hors de l’Entreprise, qu’adviendra-t-il du mot mutation ? A nous de comprendre que nous sommes en permanence en mutation, dans le changement, et non dans un point de rupture.
Commentaires