Entre
marketing et réalité…
Le
terme durable pourrait finir par
exaspérer, tant il est employé ici et là, pour tout vouloir exprimer… Depuis
quelques années, ce terme est utilisé comme la formule magique de marketing,
qui prétend répondre à un besoin de… communication.
Intéressons-nous
à présent au mot. J’insiste sur la différence entre le sens de mot et de terme. Le mot est un son
ou un groupe de sons articulés ou figurés graphiquement, constituant une unité
porteuse de signification à laquelle est liée, dans une langue donnée, une
représentation d’un être, d’un objet, d’un concept. Le mot répond d’une définition académique. Le terme, quant à lui, est un mot ou un ensemble de mot ayant, dans
une langue donnée, une signification précise et exprimant une idée définie.
Cette précision est importante pour ce qui suit.
Le
mot durable répond d’une définition
bien précise : « Qui présente
les conditions requises pour durer longtemps, qui est susceptible de durer
longtemps, qui présente de la stabilité et de la constance dans le temps. ».
Le terme durable est,
aujourd’hui, fréquemment employé avec le mot « développement »,
formant un autre terme : développement
durable. Duo qui, du coup, répond d’une autre définition : « Un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans
compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. ».
Le
schéma sémiologique du développement
durable répond alors à la confluence de trois préoccupations : social,
écologique et économique.
Le
point d’équilibre entre l’écologique et le social est le vivable, celui entre le social et l’économique, l’équitable et enfin, celui entre l’économique
et l’écologique, le viable. Le centre
de gravité est le terme développement durable.
Donner
du sens au terme durable n’est pas
chose aisée. Depuis que la société se préoccupe de respecter un développement
qui répond aux besoins, le mot manque
cruellement de signification.
Quelles
incidences en direction des ressources humaines ?
D’une
part, il est regrettable que mot durable
reste cantonné aux préoccupations environnementales, alors que le concept - si
on peut le nommer ainsi - est avant tout sociétal.
D’autre
part, si du point de vue sémantique, juxtaposer le mot durable à la gestion RH
ne choque pas, il en est autrement d’un point de vue sémiologique. Cet assemblage
dilue le sens, qui plus est en l’employant avec le mot développement. D’autant
que ressource (humaine) renforce
cette dilution au détriment de richesse
(humaine).
La
responsabilité sociale de l’entreprise, face à ses salariés et à la
collectivité, n’est pas nouvelle. Qu’il s’agisse de cohésion sociale, de
respect de l’individu ou de gestion du personnel, les entreprises de la
Révolution industrielle faisaient alors déjà du développement durable. Développement qui a été abandonné au profit
de l’individualisation. Certes, les débats actuels sur l’égalité homme, femme,
la pseudo parité, la discrimination,
la liberté d’opinion, etc., semblent prendre un ascendant dans ce concept. Mais
est-ce cela qui fait le durable d’une
GRH ?
Ici
et là, nous voyons apparaître le renforcement de normes, des certifications et
autres labels étiquetés durable. Mais
comment créer ces normes lorsque l’univers du mot n’est pas défini ?
Conclusion
Les
actions, les formations et les communications en développement durable en RH
prolifèrent. Étonnement du sémiologue que je suis : pourquoi les mots
définissant les trois points d’équilibre sont-ils absents des discours ?
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