Depuis février 2014, le syndicat des cadres CFE-CGC veut changer de nom ! L’article qui suit est l’actualisation de mon post du 13 mars 2014…
Après une consultation en interne des adhérents, les deux noms restés en lice seraient SYNAXIA et AEQUITE ! Oup’s !! Personnellement, d’un point de vue sémantique, il y a un « très gros » problème de perception dans ces deux propositions…
Lorsque la Presse (d’une manière générale) s’exprime sur ce syndicat, il est souvent écrit « …/… CFE-CGC (l’ex-CGC)…/… ». Je ne connais pas les prérequis et le brief pour ce changement de nom, juste que les deux sigles ne semblent plus représenter le mouvement syndical d’aujourd’hui. Cependant, donner un nouvel élan avec l’un des deux noms précités risque de plonger le syndicat dans une identité autre…
Un nom, c’est une identité… chose que le syndicat a du omettre de mettre en exergue.
Changer de nom est un exercice difficile. Il faut être, à minima, quelque peu expert pour prétendre à trouver un nom. Il n’y a pas de bon et de mauvais nom. Tout est dans le fondamental et les valeurs qui lui sont conférés. Or, tenter de trouver un nom comme cela, même par simple énumération, est périlleux. Un nom peut faire joli, mais ne pas traduire ce que l’on souhaite lui faire dire. Qui plus est un nom se doit d'être porté par ceux qui le vivent... Il est intrinséque au changement. Quid de l'adhésion des noms évoqués ? Lisez la suite...
« CFE » signifie Confédération Française de l'Encadrement et « CGC » signifie Confédération Générale des Cadres. Syndicat français fondé en tant que « CGC » en 1944, regroupant lescadres du secteur privé comme du secteur public. CFE-CGC est le sigle de l’héritage du conflit interne entre deux visions de l’organisation. D’une part, il y a les militants pour limiter le syndicat aux seuls cadres, de l’autre, les partisans pour y rattacher les techniciens et agents de maîtrise.
Lorsque l’on se penche sur les communications de CFE-CGC, le syndicat regrouperait donc des cadres, des ingénieurs, des techniciens, des agents de maitrise et des forces de vente. On y retrouve plus de fonctions que ce que les militants et partisans veulent bien dire ! Ceci étant dit, le sigle « CFE-CGC » semblerait vieillir et un changement de nom serait donc à l’ordre du jour…
Acliance, AeQuité, Agir&Vous, Altivox, Audace&Vous, Avocôté, Synaxia, VoxKH sont autant de noms qui ont circulé autour de cette problématique de nom. Brrrrrr ! Cela fait peur. Tout cela m’amène à étudier d’un peu plus près cette sémantique…
Acliance serait la contraction des mots action et alliance. Action de l’alliance ou alliance en action ? Toujours est-il que ce nom est proche du syndicat Alliance de la Police Nationale… Personnellement, les adhérents de la CFE-CGC ont-il bien réfléchi à la perception de ce nom, qui plus est, trop dur dans sa prononciation ?
AeQuité serait la contraction du mot « Avec » et « Equité » ou la simple francisation du mot latin aequitas. Ce dernier désignant une forme d'égalité ou de juste traitement, en appelant aux notions de justice naturelle et d'éthique. Est-ce bien là l’identité de la CFE-CGC ?
Agir&Vous, réunion des mots« Agir » et « Vous ». Nous avons là un verbe d’action uni à à un « indifférencié ». Qui se cache derrière le « vous » ? D’une manière générale et pratique, un syndicat agit pour vous, non ?
Altivox, un nom là encore assez dur, avec le terme « vox » qui se rapproche plus de l’environnement sonore, plus musical que syndical…Ou ce nom souhaitait-il tout simplement donner une idée de hauteur de la voix ? Mais quelle voix ?
Audace et Vous, penche plutôt vers une perception de la marque Aubade… Et en quoi un syndicat serait-il audacieux ?
Avocôté, contraction des trois mots, « à » + « vos » + « côtés » pour constituer ce nom, en oubliant le pluriel… A l’évidence un syndicat est au côté de celui qu’il/elle défend ! Lorsque je lis ce nom, le pense à la marque fille « acoté » de la marque mère cotélac !
Synaxia, réunion probable des mots « syndicat » et « axe », avec pour ce dernier, une version de la syllabe en « a » pour faire moderne… ou pharmaceutique… ou technologique… mais je ne vois toujours pas le rapport avec CFE-CGC ! La seule bonne nouvelle de ce nom est l’emploi de « syn », du grec « ensemble »…
VoxKH, réunion du mot « vox » qui -comme écrit précédemment- résonne environnement musical, à moins de vouloir donner voix ou « amplifier » quelque chose…, accolé aux deux lettres « K » et « H ». On comprend aisément le « H » pour « Humain » ou « Hommes », mais le « K » reste énigmatique… A moins qu’il s’agisse de cette mode où les RH dénomme KH, le capital Humain… Bof !
Remarquez que la majorité des noms commencent par la lettre « A »… Qu’un seul des noms commence par « syn », du grec ancien qui expriment l’idée de « avec », « ensemble », syllabe commune avec le mot « syndicat ».
Aucun nom prend en compte l’organisation en tant que tel, son fondamental : confédération, syndical, défense des salariés, etc.
Aucun nom ne prend en compte les valeurs intrinsèques du syndicat… et ne traduit guère l’identité d’un syndicat défendant les intérêts des cadres du secteur public et du secteur privé. Comment les adhérents peuvent-ils se reconnaître dans ces noms ?
Qui plus est, d’après la lecture de la presse faisant état de ce changement de nom, qu’un budget de 350k€ aurait été dégagé pour le nom, le logo et la communication…
D’autant qu’après avoir trouvé le nom, il faut concevoir un logo… Aujourd’hui, le logo est géométrique, et de temps à autre une accroche « le + syndical » ou « donnez de la force à vos compétences », le complète. Et demain ?
Pourquoi ne pas consulter des professionnels de la sémantique ? Par économie ? Je pense que la CFE-CGC a du déjà dépenser beaucoup de temps et d’énergie… pour rien… ! Changer de nom est un enjeu important. Enjeu stratégique pour les adhérents comme pour sa direction, il l’est également au regard des autres. Pour(re)trouver une voie syndicale, forte et dynamique, il faut que chacun s’implique là où il est le plus fort. Et lorsqu’il s’agit d’exprimer « qui nous sommes », ce « que l’on fait » et « comment le dire »…, ce n’est pas forcément ceux qui sont en internes qui sont les mieux placés !
Il faut être en phase tant avec sa base qu’avec sa cible pour gagner en influence. Et avec les noms précités, je donne peu de crédibilité à la CFE-CGC pour exister. Car nommer, c’est exister !