Le prix Nobel de l’économie a été attribué à un Européen, et l’heureux élu est Français…
Du fait de la situation de crise dans laquelle se trouve l’Europe tout comme la France, les citoyens devraient sauter de joie, clamer haut et fort une satisfaction qu’ils ne sont pas plus bêtes que d’autres… Car, en dehors de cette seule référence identitaire, les travaux de Jean Tirole touchent au réel, l’économie, tout en important des Etats-Unis un modèle, une méthode pour réussir. Tout est donc possible ! Imaginez donc : prendre le meilleur des « states » pour réussir en France, et par ricochet, réussir en Europe. Bravo ! La méthode est-elle une clé pour réussir ?
Revenons au sujet qu’est l’Europe. Dans mes précédents articles, j’ai exposé des points de vue sur les problématiques de la communication de l’Europe, de l’identité de l’Europe, de la perception, etc.
Dans une Europe qui, malheureusement, lasse ses citoyens, l’Europe peine à avoir une vision. Une vraie vision avec une visée, à l’instar des entreprises. Une visée, c’est un but, c’est pointer sa vision sur quelque chose, une finalité.
Pour cela, il existe et il est mis en place des axes de stratégie, avec des processus, des démarches à suivre, et surtout des méthodes.
Sans énumérer toutes ces approches, ne doit-on pas modéliser un modèle européen afin de changer l’état d’esprit des pays membres ? Ne devrait-on pas changer les règles du jeu, innover dans la manière de faire les choses, de créer tout simplement pour réussir et émerger ?
L’avantage de l’Europe est sa diversité. 28 pays membres… Imaginez le potentiel de réunir tous les processus sociétaux, de les étudier, de les analyser, et de faire naître un nouveau modèle.
Un nouveau modèle qui serait unique, unique à l’Europe. Un modèle européen pour lancer l’Europe dans cette globalisation qui nous étouffe, mais qui néanmoins nous fait vivre. Un modèle tellement pertinent qui nous ferait oublier les erreurs que nous commettons actuellement. Quelles erreurs pensez-vous, à juste titre ?
Regardez autour de vous… Plutôt que de trouver un consensus autour des modèles existants, chaque pays membre y va de ses discours sur l’adaptation d’un modèle national sur un autre. D’un discours naissent quelque fois des actions, mais elles restent l’exception. Prenons un exemple avec la France.
Il y a quelques années déjà, la France voulait à tout prix (et à n’importe quel prix tant d’un point de vue financier que social) modéliser le système danois de la flexibilité du travail, d’autres réfléchissaient au modèle allemand, d’autres regardaient avec attentisme le modèle social suédois, d’autres le système coopératif italien. Fort heureusement, peu des nos prévisionnistes ont regardé le modèle grec, quoiqu’il aurait été utile de le regarder d’un peu plus près pour comprendre le système.
Certes, chaque nation doit se réformer devant les abysses financiers dans lesquels elle se trouve ; certes, chaque nation doit préserver une certaine intégrité, mais l’important ne se trouve-t-il pas dans et avec l’Europe que sa propre nation ? Pourquoi les Européens ne veulent-ils pas changer, ou faire évoluer leur modèle, qui semble dépassé en ce 21ème siècle ?
« L’Homme n’accepte le changement que sous l’emprise de la nécessité[1] » disait Jean Monnet. Les crises feraient-elles partie de la méthode ? C’est la question que l’on peut se poser aujourd’hui.
Alors, bien sûr, l’Europe ne peut pas « se faire » en quelques années… Soixante-trois ans nous séparent déjà du CECA et cinquante-sept ans de la CEE. Sauf qu’à l’heure de la globalisation, des TIC, des fusions–acquisitions, des guerres souterraines, tout va très vite. L’Europe, ce poids lourd, se traîne. Et par ricochet, une fois encore, la perception des citoyens européens rejaillit sur leur propre nation. Tout semble traîner…
Nous sommes bien conscients que sont nos gouvernants nationaux qui traînent à « faire » l’Europe, d’autres s’acharnent, tant bien que mal, à la « défaire ». Nous sommes bien conscients que les Etats-membres ont une tendance, fâcheuse, de vouloir garder leur pré carré sur leurs territoires, mais pourquoi donc ne pas avoir cette volonté de prendre conscience que l’Europe est une opportunité extraordinaire pour tous et donc pour eux-mêmes…
La génération de demain, hypersensible aux enjeux environnementaux de notre planète, ne devra-t-elle pas faire évoluer l’Europe vers un autre modèle, plus concret, plus réaliste du monde dans lequel nous vivons ? Ne devrait-on pas déjà anticiper ce mouvement et donc, préparer le terrain ?
A ce jour, des avancées ont bien lieu sur un plan économique, notamment avec les enjeux du partenariat transatlantique. Plus qu’un simple accord commercial, c’est un traité d’un nouveau genre que négocient les Etats-Unis et l’Union européenne depuis plus d’un an. Cette idée jetterait-elle les bases d’une « Europamérique », prête à faire bloc contre la Chine ? Qu’il s’agisse des TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership) ou des TAFTA (Transatlantic Free Trade Agreement), les discussions vont bon train pour édifier les fondements d’un vaste partenariat sur le commerce et l’investissement entre UE et US… De ces réunions naissent des projets de normes, aussi bien dans l’industrie, la finance, l’agriculture, l’agroalimentaire, la sécurité, le phytosanitaire, etc. Tout cela pour contrer la montée en puissance de la Chine, pourtant partenaire commercial à juste titre.
Mais les deux partenaires, UE et US, sont à des antipodes en termes de culture, d’état d’esprit, de processus, et surtout de méthode… Je ne suis pas économiste, seulement un peu prévisionniste, et j’ai bien peur que ce vaste partenariat transatlantique risque de déboucher sur un accord minime.
En attendant, l’Europe ne devrait-elle pas créer un nouveau modèle de société « européanisante » ?
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